L'édition, toujours l'édition…


Suite à mon billet sur les collections anglo-saxonnes et la réponse de Thomas de Première de couverture, je me rends compte que je ne suis pas très honnête dans mes propos.
D'abord, il existe de très belles choses récentes et plus anciennes en France, voir ce que fait Le Dilettante, mais aussi la feue collection Mille et une nuits (créée par Rampazzo, je crois), les ouvrages d'Actes Sud etc.
Et puis ce qui fonctionne ailleurs ne fonctionnerait peut-être pas ici.
Nous avons une longue tradition littéraire que nous considérons avec respect et une pointe d'orgueil. Faut pas déconner avec les belles lettres, c'est du sérieux ! Le fin du fin en édition reste La Pléiade ou la NRF. Difficile d'être plus austère.
Je me souviens que lorsque Albin Michel a commencé à utiliser le gaufrage, le verni sélectif et les effets typos pour ces couvertures, les réactions autour de moi ont été très négatives : "c'est d'la soupe, du marketing de merde". On ne traite pas l'écrit comme un produit, c'est un blasphème.
Bien sûr, les choses changent. Force a été de se rendre compte que cette stratégie (directement inspirée des américains) payait et les autres éditeurs ont fini par lui emboîter le pas.
L'image aussi semble poser un problème. Alors que nous avons eu d'extraordinaires affichistes, graphistes, illustrateurs, elle ne semble pas faire partie de notre culture. En tous cas, rien à voir avec ce que l'on peut voir en Angleterre.
On m'a très souvent demandé de travailler sans budget icono, comme si l'image était un luxe inutile.
Chez Prat, par exemple, travailler le graphisme et l'image des parutions est une idée toute neuve. Il a fallu des changements très importants à la tête de la société pour que l'on intègre dans les frais de réalisation un peu de sous pour les couvertures. Personne n'en avait vraiment vu l'intérêt avant. Il s'agit d'édition professionnelle mais il me semble que les réticences vis à vis de l'image sont partagées par beaucoup. Trop "petits mickeys", probablement :-)
La déférence que nous éprouvons face à l'écrit freine probablement la créativité graphique dans l'édition, mais ça change très vite en ce moment.
Les éditeurs sont soumis aux mêmes impératifs financiers que n'importe quelle société, et il semble qu'une couverture attrayante se vende mieux qu'un truc triste.
Bah, au final, l'important, c'est quand même ce que racontent les petites lettres noires qui dansent sur les pages blanches :-)

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