Je veux pas critiquer, mais…

Petite histoire intéressante vendredi à mon boulot.
Le redac-chef technique d'un des journaux dont je m'occupe vient me voir pour me faire part de petits soucis typographiques.
-"T'as vu, on c'est gourré de police dans la légende de la photo. C'est quoi cette typo ?".
Je regarde l'objet du délit, vérifie les polices et ne voit aucune erreur.
-"Ben non, c'est bien les mêmes"
-"Mais si, regarde, l'italique est pas du tout comme le romain ! Je veux pas critiquer mais le gars qui a dessiné ça…"
Petite explication, donc.
La police utilisée pour cette fameuse légende est la Quay. Le dessin en romain et en italique diffère de manière importante sur les "a" et les "e"



Idem avec la Meta



En fait, cela vient du dessin des Didots et des Elzevirs (des typos à empatements, quoi !), qui dans le dessin de l'italique changent profondement la forme des "a", "e" mais aussi "g" afin de faciliter une lecture continue (pas de rupture d'espace entre les lettres, des pleins et des déliés allant dans le sens de la lecture). Pour exemple, voici la Bauer Bodoni :



J'ai l'impression que nos habitudes de lecture ont changé notre regard sur les lettres, et que ce qui était une norme autrefois, risque d'être pris pour une erreur aujourd'hui. Inutile de préciser que le dessin de l'Arial, dérivé de l'Helvetica et police Web par défaut, évolue peu entre le romain et l'italique.


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